La mort de Sœur Emmanuelle nous a bouleversés – ou plutôt – sa vie nous bouscule ! Notre petit groupe d’amis souhaite ne pas en rester au stade de l’émotion et décide de « faire » un petit quelque chose, au niveau de Matha.
Avec le feu vert du Père Marcel et de l’EAP (1), nous invitons nos frères protestants à se joindre à nous et nous voici lancés dans la réalisation d’un vide-greniers (2), au profit de personnes défavorisées de notre secteur. Les noms de Sœur Emmanuelle et de l’Abbé Pierre interpellent : une part leur reviendra.
Mais pourquoi un vide-greniers ?
Parce que l’idée de proposer aux particuliers et aux associations d’offrir un objet et de venir en acheter un autre entraîne chacun dans une démarche de partage qui fait « chaud au cœur », alors que le contexte économique permet, de moins en moins, le don d’argent directement à une œuvre.
Je reprendrai volontiers les mots de : « Lucidité, Espérance, Fraternité ». C’est le message de Noël adressé par les Eglises chrétiennes (catholique, orthodoxe, protestante) en France (3).
– Lucidité : c’est un fait, notre monde est en crise et cette crise génère des inégalités, dans notre pays et entre continents. Il nous faut réagir.
– Espérance : la fin d’un monde n’est pas … la fin du monde. Il nous appartient de choisir de vivre dans la confiance et l’espérance. Cette espérance questionne directement notre façon d’être au monde. Il nous faut provoquer le questionnement.
– Fraternité : notre société est malade. La cupidité, qui soutient la course au profit, a créé des distances entre les hyperactifs et les sans-emploi. Il nous faut créer des solidarités concrètes, au près et au loin.
Alors, c’est parti ! Les affiches interpellent, les articles de journaux appellent, notre énergie mobilise !
Mais y aura-t-il assez d’objets ? Après quelques jours d’angoisse, « le taux d’adrénaline» diminue, car les lieux de dépôts commencent à se remplir. Notre petite équipe s’étoffe de volontaires, car il faut, chaque jour, estimer les objets… et ils sont nombreux !
L’organisation du jour « J » se précise. Il faudra être nombreux pour tout charger, déballer et installer dans la salle des fêtes, mises gracieusement à notre disposition par la mairie. Mais l’équipe est là et les conjoints, les voisins, les amis, des représentants d’associations se manifestent ; qu’il est bon de se sentir épaulés !
Les appels téléphoniques se succèdent :
– Allo Françoise, je te donne mon samedi!
– Holà Manu, tu ne me donnes pas, tu donnes !
… et à 8 h, ce samedi 22 novembre, tout le monde est sur le pont. Tout est prêt à 10 h, les portes s’ouvrent.
Au total, trente-cinq personnes se relaient pour transporter, charger, installer, tenir et… ranger.
Quelle belle journée ! Que d’échanges !
Chaque visiteur trouve son bonheur et notre caisse se remplit, jusqu’à 1.300 € !
Nous vous remercions tous, vous qui avez offert, vous qui avez acheté, vous qui vous êtes mobilisés pour la réussite de cette action. Grâce à vous, nous aurons le plaisir de partager, en trois parts égales, la somme récoltée :
– Vers SOLMAT (Solidarité mathalienne).
– Vers l’œuvre de Sœur Emmanuelle.
– Vers l’œuvre de l’Abbé Pierre (pour les sans-abri).
Les objets invendus ont été offerts à Emmaüs.
Françoise S.
(1) Equipe d’animation pastorale.
(2) Le mot savant est « Marché de proximité à vocation humanitaire».
(3) Cf. « La Croix ». du 1er décembre 2008.