Nos liens avec Haïti

Jeudi 28 juin, le père Jean-Maxène TRISTAN d’Haïti est venu rencontrer l’équipe Matha Opération Partage (MOP).

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jean-Maxène était prêtre de 2013 à 2015 à St Jean d’Angély avec le père Pierre BIGOT. Il appartient à la communauté des Prêtres de Saint Jacques en Bretagne.

Depuis qu’il est reparti à Cap Haïtien il y a huit ans, nous avons gardé des liens avec lui et MOP l’aide régulièrement pour aider à l’aménagement des 2 écoles de sa paroisse à Bois de Lance : aménagement d’une bibliothèque, création de sanitaires, construction de salles de classe et creusement d’un puits, installation d’un système pour rendre l’eau potable.

Depuis trois ans la situation politique, sanitaire et environnementale ne cessent de se dégrader. Le pays est gangréné par des gangs armés qui ont investi toute la capitale (Port-au-Prince) et les régions attenantes. Depuis l’assassinat du président le 7 juillet 2021, le pays se retrouve avec un premier ministre et son gouvernement non élu, sans Parlement, sans députés, sans sénateurs, avec aucune autorité locale et nationale légitime. Aucune institution publique respectée et légitime.

La corruption permet à quelques familles d’avoir la main mise sur les produits indispensables au fonctionnement du pays (essence, électricité, matières premières…) ou des produits alimentaires (riz). Créer la pénurie leur permet de faire monter les prix et de récupérer toujours plus d’argent pour acheter des armes aux États-Unis ou s’enrichir. Le commerce légal n’existe pratiquement plus.

La misère s’accélère de manière exponentielle ; 5 millions d’Haïtiens se retrouvent en situation d’insécurité alimentaire. L’économie du pays est pratiquement à l’arrêt. Plusieurs hôpitaux sont fermés, les associations humanitaires comme Médecins Sans Frontière sont parties après plusieurs menaces et enlèvements.

Depuis trois ans, Jean-Maxène n’a pas pu aller voir ses parents qui habitent au nord de Port-au-Prince car tous les axes routiers passent par la zone dangereuse de la capitale. Il n’y a aucune route qui suit la côte et aucun transport maritime pour contourner Port-au-Prince. Les habitants de la capitale partent à la campagne quand ils y ont de la famille ou bien ils partent à l’étranger pour les intellectuels, les médecins et tous ceux qui ont quelques moyens financiers. Plus de 2 millions d’haïtiens sur 12 millions ont quitté le pays pour aller au Canada, à Miami, en Amérique du Sud.

Début juin, un séisme de magnitude 5,7 a fait 4 morts dans le sud-ouest, après des inondations dévastatrices qui avaient fait 70 morts et 8320 maisons détruites.

Très peu d’informations arrivent par les ondes en France, mais nous pouvons en avoir par internet sur les sites https://www.rfi.fr ou https://lenouvelliste.com

Le peuple haïtien est résilient malgré toutes les difficultés. Beaucoup d’artistes continuent leurs activités dans différentes villes : festival de musique, festival du livre au féminin, festival Okaya p li…

Depuis 8 ans nous avons toujours gardé un lien avec le père Jean-Maxène et soutenu financièrement ses différents projets pour ses écoles : soit 450 élèves de la maternelle à la fin du primaire 12/13 ans.  Chaque année deux containers partaient de Bretagne par l’intermédiaire de la société des prêtres de Saint Jacques vers Haïti ce qui nous a permis de faire parvenir de multiples objets, livres et médicaments… le dernier parti en septembre 2022 est arrivé mais rien n’a été distribué car la capitale est trop dangereuse. Rien ne partira de France en septembre 2023.

Cette année encore MOP s’engage à soutenir les écoles de Bois de Lance pour que les enfants aient au moins un repas par jour soit 0.60€ par repas, au lieu  d’1 ou de 2 repas par semaine. Cap Haïtien étant proche de la frontière de la République Dominicaine, les denrées alimentaires arrivent par camions grâce à un couloir sécurisé et avec l’aide d’une communauté religieuse dominicaine. Les prix ont subi une forte augmentation depuis le début de la crise, il y a trois ans. Il est très souvent difficile pour toute la population de se nourrir sans travail et sans argent.   VM